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Les rôles en conception pédagogique au coeur de la relance Post-COVID

2 février 2022

Investir dans l’humain et dans le développement continu de ses compétences pour collaborer dans un contexte numérique et pour performer avec succès et d’une façon éthique, critique, responsable et durable avec les machines et les technologies émergentes est devenu une priorité de la transformation numérique et de la relance post-COVID. 

Le symposium virtuel « Former pour agir en contexte numérique : CLE de la relance post-COVID » a regroupé le 27 mai 2021 des tables rondes d’experts renommés en milieu de travail, en numérique, en génie informatique, en intelligence artificielle, en psychologie, en anthropologie, en éducation, en technologie éducative et en hypertrucage. Ces experts ont discuté des enjeux et des solutions potentielles pour assurer la formation inclusive, équitable et transformative, la requalification, la mise à niveau et le perfectionnement de la main-d’œuvre d’aujourd’hui et de demain pour un marché du travail en mouvance au sein de la 4e révolution industrielle et de l’ère post-COVID, où la collaboration humain-machine pour une intelligence augmentée est favorisée, voire même attendue.

Le symposium a été organisé en collaboration avec l’Observatoire international sur les impacts sociétaux de l’IA et du numérique (OBVIA). Il a débuté avec le lancement officiel de la Chaire de leadership en enseignement (CLE) sur les pratiques pédagogiques innovantes en contexte numérique – Banque Nationale, sous le patronage de Madame Sophie D’Amours, Rectrice de l’Université Laval.

Lors de la quatrième table ronde, les panélistes ont discuté autour de leur rôle et du rôle de leurs équipes, dans la relance post-COVID. Ce qui suit présente un aperçu de ce qu’ils ont partagé.

Pour visionner l’enregistrement de la totalité de la rencontre, veuillez cliquer ici.

Nadia  Naffi, titulaire de la Chaire de leadership en enseignement (CLE) sur les pratiques pédagogiques innovantes en contexte numérique à l’Université Laval, a animé la discussion lors de la table ronde du 29 mai 2021.

Les panélistes


KnowledgeOne

Robert Beauchemin, Président et Chef de la direction (CEO), Centre de développement eConcordia / KnowledgeOne, Université Concordia

Créée en 2001, KnowledgeOne ou E-Concordia, est une entreprise appartenant à l’Université Concordia. Son rôle initial est de développer des cours en ligne pour une majorité d’étudiants.

« […] [Ce] qui nous permet d’avoir 40 000 inscriptions en ligne par année […]. »

L’entreprise dispose d’une équipe aux compétences diverses: développeurs, opérateurs de cours en ligne, personnes axées sur la technologie, experts en développement de réalité virtuelle et augmentée et experts pour des usines et des complexes chimiques.

Au fur et à mesure, KnowledgeOne a développé des cours pour diverses universités. L’entreprise travaille également avec des partenaires comme Ubisoft, Netflix ou le Cirque du Soleil.

« On se voit comme un centre de développement, mais qui est un peu un catalyseur du changement ».

D’après Beauchemin, le déclenchement de la pandémie a suscité des réactions rapides face à la fermeture des organisations et des établissements d’enseignement. Cette situation d’urgence a mis en avant la capacité des organisations à opérer avec la technologie, mais surtout de mettre en avant les compétences de chaque individu. Pour la plupart, il s’agissait de recourir au « emergency remote teaching ».

Au niveau de la conception pédagogique, le développement des cours est passé vers un développement de conseils. Les enseignants et les clients ont été guidés pour apprendre comment enseigner avec de nouveaux moyens technologiques.

Cette arrivée de nouveaux outils a marqué un changement positif dans les attitudes de l’équipe interne de Beauchemin. Les employés de Knowledge One ont renforcé leur esprit de soutien et leurs compétences pour identifier et guider leurs clients vers des solutions. L’expertise et les connaissances des employés ont été mises en valeur pour l’accompagnement de la clientèle.

Sur le plan commercial et international, les besoins essentiels résident autour du développement de petits programmes, de modules d’enseignement courts, brefs et accessibles à distance.

Mot de la fin :

« Il va falloir centrer cet élément humain avec lequel il va falloir tenir compte fortement. »


Edgenda

Marie-Pier St-Hilaire, Présidente d’Edgenda et Canada’s Top 40 under 40

L’entreprise Edgenda a été créée dans le but de :

« […] démocratiser l’élitisme de l’apprentissage, donc de transformer et d’aider à transformer les organisations canadiennes ».

Sa mission se base également sur le développement des compétences. En effet, Edgenda valorise la collaboration au sein d’une équipe d’employés pluridisciplinaires : des business coach, des doctorants en deuxième carrière, des étudiants du cégep, des secondaires cinq en intelligence artificielle, etc.

« Il faut essayer de faire travailler ça ensemble pour avoir un impact collectif dans la société ».

Dans le domaine de la conception pédagogique, Edgenda dispose de bureaux à Québec, Montréal et Ottawa. Chacun aide au développement de cours, à l’identification des besoins de clients et à une offre de solutions tant au niveau du conseil, que de la formation.

En tant qu’entreprise non subventionnée, Edgenda a toujours accordé une grande importance à perdurer dans son écosystème. Selon St-Hilaire, les étapes d’évolution des organisations durant la pandémie ont engendré des réflexions post-COVID.

Au début de la pandémie, les cours proposés par Edgenda ont dû être reportés pour s’accorder aux nouvelles priorités des organisations. Afin de réagir directement face à la pandémie, l’entreprise a investi dans son personnel pour renforcer le déroulement, la vitesse et l’efficacité de ses demandes. De plus, Edgenda a contacté sa clientèle pour la convaincre d’accélérer le rythme des projets afin de perdurer dans la pandémie. Cela a engendré un accroissement de demandes envers Edgenda pendant et après la pandémie.

Selon St-Hilaire, les priorités accordées pour le numérique et l’approche d’apprentissage, ont marqué les différents niveaux de maturité des organisations, d’où des réflexions quant aux approches des leaders, de la conception pédagogique et de l’innovation. 

Premier point : le constat d’une pénurie de talents un peu partout. Les leaders se sont ouverts à la diversité et à l’importance d’inclure des compétences numériques.

« [Les leaders ont réalisé que] le développement de compétences s’attache à la planification stratégique des organisations et l’importance de donner de l’air et d’aider, d’accompagner les écosystèmes, les cellules d’équipe dans les organisations pour être. »

Second point : la conception pédagogique. Les concepteurs pédagogiques ont prêté plus d’importance au marketing et à la User Experience (UX). Il s’agit notamment de prendre le temps d’élaborer des formations attrayantes qui répondent à une offre plus diversifiée des besoins du client.

Troisième point : la position de soi-même, du client et de l’individu dans un environnement d’innovation. Suite à la pandémie, l’innovation a été un élément qui n’a pas toujours été atteint ou acquis par l’ensemble des entreprises. Les concepteurs pédagogiques ont donc beaucoup travaillé sur ces transformations culturelles pour permettre d’éclairer et d’aider le client à devenir plus performant.

Mot de la fin :

« Le changement va être en continu plus que jamais. Plus on s’adapte comme le Darwinisme […] plus on va avoir du plaisir. Et de ne jamais oublier qu’on est excessivement connectés entre nous, c’est qu’on n’a plus besoin de tout savoir. On a juste besoin d’apprendre et de partager et de s’appuyer sur les autres. »


Calian

Lorne Novolker, Vice-président, Apprentissage numérique, Calian Ltd

Calian dispose de 4500 employés, dont 1500 dans le département d’apprentissage. Cette entreprise est représentée au Canada ainsi qu’en Europe. Les domaines de la défense, de l’industrie et du gouvernement regroupent la majorité de sa clientèle.

Parmi ses mandats principaux, Calian a pour objectif de travailler avec des clients au niveau international pour proposer des approches et des solutions innovantes à leur besoin.

Un projet actuel du vice-président est de faire connaître son entreprise comme principal fournisseur canadien pour créer des solutions destinées à l’apprenant moderne.

D’après Novolker, l’avancement de la transformation dans le contexte numérique a créé le besoin de passer au numérique.

Selon le président de Calian, il y a eu une succession de trois phases pendant la pandémie : une phase d’urgence, une phase de conversion et une phase de réflexion post-COVID.

La première phase d’urgence était l’action de diffuser des cours en ligne avec peu de conception pédagogique, dans un temps limité. L’objectif était de continuer à créer des formations et de survivre. L’essentiel se résumait en quatre mots :

« Keep the lights on. »

La deuxième phase était plus stable et remettait en question les cours et les programmes offerts. Il s’agissait d’une étape indispensable pour un meilleur transfert vers la formation. Il fallait recueillir les meilleures parties de technologie à différentes modalités d’exécution.

La dernière phase était centrée sur la réflexion post-COVID. L’expérience après la pandémie a mis en avant l’importance des concepteurs pédagogiques et leurs rôles dans la société. Selon Novolker, les étapes de transformation en contexte numérique vont continuer à évoluer.

« Je pense qu’un plus grand nombre d’écoles et d’organisations auront une meilleure appréciation de l’importance pour l’apprentissage et la formation, de fonder sur des principes de conception pédagogique efficace. »

Mot de la fin :

« N’oubliez pas que vous êtes la voix de l’apprenant. Pendant le processus d’apprentissage, l’apprenant n’est pas toujours là. N’oubliez pas que vous devez être là pour eux. »


Studio 7

Édouard Rotondo, Président de Studio 7 Communications

Studio 7, entreprise  initialement axée sur le marketing, s’est penchée sur la technologie éducative et apporte maintenant ses services dans le domaine de la conception pédagogique.

Afin de tenir compte des différents niveaux d’innovation d’une entreprise, Studio 7 passe d’abord par une analyse de son client. Cela permet d’identifier et de comprendre comment la performance s’accorde aux besoins de l’entreprise. Une fois les objectifs de performance fixés, Studio 7 va développer et proposer des solutions.

«  On va créer des livrables […] du développement de compétences, de facilitation, de transformation […] [et] éventuellement des renforcements de connaissances. »

Suite à la pandémie, Studio 7 a d’abord pris le temps de comprendre et d’identifier elle-même son rôle et sa définition de performance et de facilitation des procédés avant de répondre à la forte demande de ses clients.

Selon Rotondo, il y a eu une croissance au niveau du besoin de formation, donc une augmentation de demandes auprès des concepteurs pédagogiques. Le changement est devenu si grand, qu’il a créé un impact sur l’ensemble des entreprises et a obligé les fournisseurs à réagir.

Au cœur de Studio 7, les cours proposés ont été conçus et ajustés avant d’entrer en contact avec la clientèle pour lui proposer de nouveaux services adaptés. L’entreprise avait pour but de comprendre la performance de ses clients pour l’aligner avec les objectifs souhaités.

Les concepteurs pédagogiques de Studio 7 furent les intervenants principaux pour guider, questionner et initier les entreprises aux étapes de transformation et de facilitation en ligne. Cette stratégie a créé une zone de confort auprès des clients sans autant les bouleverser vers ce remaniement.

« Il faut comprendre c’est quoi notre rôle auprès de notre clientèle . Notre rôle c’est d’être un guide, c’est de guider, de rassurer et d’amener les gens vers les solutions et les concepteurs pédagogiques se sont les meilleurs pour le faire dans ce contexte.»

Selon Rotondo, les concepteurs chez Studio 7 doivent penser de manière stratégique. Les demandes d’expertise sont donc plus axées au niveau de la performance et de la stratégie.

Mot de la fin :

« La transformation dans chaque entreprise, dans chaque organisation, va se faire à son rythme. […] Il faut se dire qu’on va y aller selon nos moyens.[…] On est tous à des endroits différents et on va continuer à progresser de cette façon-là, sans panique. »


Amplifier

Karoline Truchon, Professeur en communication, Université du Québec en Outaouais, Co-directrice Amplifier

Passionnée par l’anthropologie, K. Truchon est axée sur un type d’anthropologie qui regroupe la parole des gens, le ressenti, l’environnement, l’observation et la création d’espaces pour l’esprit critique. Selon elle, l’utilisation de l’anthropologie permettrait d’apporter un changement sur le comportement et les attitudes dans notre société.

Actuellement, son projet chez Amplifier est de rendre la science accessible à un plus grand public cible. En vulgarisant et en passant par des méthodes comme le storytelling, l’humain pourrait se lier, se relier et se questionner sur sa propre personne.

Cette approche vise à regarder à partir de qui nous sommes réellement, plutôt, qu’à partir d’une image que l’on aimerait que l’on soit. Nous cherchons comment on peut faire les choses ensemble. L’objectif est de reconnaitre le développement potentiel.

« À chaque fois que je rencontre quelqu’un, je ressens ce que la personne peut faire et j’ai envie de contribuer à faire en sorte qu’il y a des espaces pour que chacun et chacune d’entre nous, on puisse s’épanouir, mais qu’on puisse le faire de manière critique et étique. »

Mot de la fin :

« […] Avoir cette humilité qui n’est pas fausse, mais qui est vraie, de penser que nous aussi, à travers le processus, on est des apprenants et des apprenantes. »


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