Aller au contenu principal

La réalité virtuelle : a-t-elle gagné sa place dans le « nouveau normal » de la formation?

26 mars 2021

La crise sanitaire actuelle impose un grand bouleversement dans nos modes d’interactions sociales et dans notre rapport au numérique. Conséquemment, de plus en plus d’entreprises décident d’adopter le télétravail comme mode de fonctionnement, et ce même après la pandémie. En ce qui a trait à la formation, les entreprises font maintenant face à un dilemme : comment former la main-d’œuvre sur de nouvelles compétences s’ils ne sont pas en mesure de le faire en personne dans un environnement d’entreprise? Longtemps réservée à l’univers des jeux vidéo, la réalité virtuelle (VR) gagne maintenant en popularité comme solution potentielle à cet enjeu, en permettant de pallier l’inaccessibilité physique aux lieux communs et de surmonter les barrières imposées par la distanciation sociale, en plus de redéfinir les modes d’interactions professionnelles et de télétravail. Est-ce que cette technologie émergente redéfinira l’univers de la formation pour de bon? A-t-elle sa place dans le « nouveau normal » de l’après-COVID ou n’est-ce qu’un feu de paille en réaction au bouleversement de nos modes d’interactions sociales?

Une méthode éprouvée pour la formation des compétences pratiques

La VR est depuis longtemps reconnue pour être parfaitement adaptée à la formation des compétences techniques (hard skills). On peut y recréer tous les scénarios pratiques nécessaires à la formation, même les plus dangereux, le tout sans risques; ce qui n’est pas possible dans un contexte présentiel, où ces scénarios restent souvent très théoriques. Dans ce contexte virtuel, on dénote également un taux de concentration et de mémorisation inégalé de l’apprenant, grâce à un engagement fort et un taux d’attention élevé (résultat de l’immersion complète, sans aucune distraction extérieure). Ainsi, on enregistre un taux de rétention de 80% (un an après la formation), contre seulement 20% pour une formation présentielle classique.

Un espace sécuritaire pour les apprentissages à haut risque

La VR en formation est désormais devenue la norme dans certains domaines à haut risque, comme dans l’industrie aérospatiale ou médicale, afin d’offrir des pratiques réalistes et sûres tout en fournissant un retour d’expérience à l’apprenant. Un des principaux avantages à l’utilisation de la VR dans ces contextes est l’immersion totale dans les conditions de terrain nécessaires à la scénarisation de la situation d’apprentissage, dans un environnement safe space (espace sécuritaire), dépourvu de considérations éthiques, de facteurs de sécurité de la vie humaine (p. ex. la blessure, voir la mort provoquée en cas d’échec) ou de contraintes financières (p. ex. le coût des équipements médicaux et fournitures renouvelables nécessaires à la formation) et de temps.

Un retour sur investissement plus marqué en contexte virtuel qu’en présentiel

Bien qu’initialement plus coûteuse à développer et à mettre en place que son équivalence en présentiel, l’investissement nécessaire à la formation virtuelle offre un retour sur investissement plus intéressant à presque tous les niveaux. Une récente étude a permis de démontrer que la formation virtuelle était plus efficace que la formation présentielle (c.-à-d. en classe) ou asynchrone (c.-à-d. en ligne) pour enseigner les concepts de compétences générales (soft-skill concepts). Il en ressort certains facteurs prédominants, qui valorisent la VR au-deçà des deux autres types de formation susmentionnés :

  • un temps de formation jusqu’à quatre fois plus rapide, comparativement à la formation présentielle;
  • les apprenants sont plus confiants dans l’application de ce qu’ils apprennent : par l’application dans l’environnement safe space, qui permet l’erreur sans conséquence;    
  • l’apprenant est plus connecté émotionnellement. Les gens apprennent plus efficacement lorsque leurs émotions sont impliquées;
  • lorsqu’elle est dispensée à suffisamment d’apprenants, la formation VR est estimée plus rentable à grande échelle que l’apprentissage présentiel ou asynchrone.

La croissance rapide de la technologie VR

L’année 2016, avec l’arrivée des consoles Oculus Rift, HTC Vive et de la PlayStation VR, marque l’époque de la démocratisation des consoles VR. Ces consoles étaient dispendieuses, la technologie était souvent de qualité relativement médiocre, selon les normes actuelles. Les logiciels offerts n’étaient pas à la hauteur des attentes. En 2021, les nouveaux développements technologiques, tels qu’une vitesse de réseau plus rapide (par l’apport de la technologie 5G) et l’apparition des casques de VR sans fil de haute qualité, offrent à l’utilisateur une expérience VR d’une grande fidélité, rapide, quel que soit son emplacement. Ces nouveaux attributs rendent la VR plus intéressante que jamais, spécialement en ces temps de redéfinitions des modes d’interactions sociales et numériques. Suivant ces tendances, cette technologie ne devrait pas disparaître de sitôt et devrait continuer de croître au cours des prochaines années. Non seulement cela signifie que nous verrons une augmentation de l’offre de produits (autant matérielle que logicielle), mais également que les entreprises et les consommateurs devront commencer à s’adapter.

Une technologie des plus prometteuses pour 2021 et pour la décennie à venir

Vous l’aurez compris, la mise en œuvre de la VR dans la formation n’en est qu’à ses débuts, mais elle profite présentement de l’élan créé par l’appréhension du « nouveau normal » de l’après-COVID. Pour preuve, selon l’IDC (International Data Corporation), après plusieurs années de stagnation, les dépenses mondiales consacrées à la technologie AR (réalité augmentée) / VR ne cesseront de croire dans l’avenir, passant de 12 milliards de dollars en 2020 à 72,8 milliards de dollars d’ici 2024 et représenteront les deux tiers de tous les biens électroniques de consommation. Dans cette même période, le taux de croissance annuel (TCAC) des dépenses en VR et AR est projeté à 54%. Face à ces données, il est flagrant que la tendance vers la VR est propulsée par les contrecoups liés à la pandémie COVID-19, ainsi que par l’adoption du mode de vie à distance et à domicile. Il en ressort donc que la VR est considérée comme un outil de premier plan dans la transition vers ce « nouveau normal ». À l’avenir, on peut espérer que la VR fera partie de façon permanente du processus de formation, faisant le lien entre la théorie et la pratique dans des contextes réinventés.

Auteur